CRISE DU COUPLE ET MILIEU DE VIE CHEZ LES EXPATS

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La crise du couple en expatriation vers le milieu de vie, existe et secoue non seulement l’homme expatrié, mais plus encore sa conjointe. Elle peut entraîner bouleversements et remises en question. Elle s’avère, pour cette raison, le moment de tous les dangers pour le couple expatrié. Quelles sont les questions qui se posent et pourquoi conduisent-elles à tant de grands changements ?

LA CRISE DU COUPLE EN MILIEU DE VIE

La crise du couple en expatriation apparait souvent en milieu de vie. Elle correspond à ce que l’on nomme familièrement la « crise de la cinquantaine », lorsque les individus atteignent la « mi-temps » de leur existence. Sur le plan psychologique, cette période est celle de la conscience du temps qui passe et de la finitude de la vie avec la mort qui apparait inéluctable.
Selon les spécialistes, cette période amorce un signal ou un détonateur, qui pousse à faire un bilan précoce de ce premier chapitre existentiel, avant d’aborder la maturité. Pour les expatriés dont la vie a été parsemée de grands virages, nul doute que cette étape prenne une importance toute particulière. On peut penser que la crise de milieu de vie en expatriation amène des questionnements d’autant plus grands que les tournants pris dans l’existence l’ont été.

Les hommes expatriés s’en sortent certainement mieux que leur compagne. Le changement culturel et l’adaptation à une autre vie a souvent été pour eux gratifiant. Tous comptes faits, ils sont souvent satisfaits de leur parcours et n’éprouveront le besoin de repartir que poussés par des événements externes. Cela sera souvent le vieillissement ou la maladie de proches laissés au pays, ou le désir de mettre un terme aux difficultés de la vie d’expat en prenant tout simplement une retraite avant l’heure. Le mode de vie actuel de beaucoup d’expatriés, qui épargnent massivement en prévision de ce projet, s’oriente beaucoup aujourd’hui en ce sens.

Il en va autrement pour les femmes, qui, elles, payent un lourd tribu à l’expatriation. Or, c’est à l’heure des bilans entre quarantaine et cinquantaine, qu’elles en font le constat. En termes professionnels, puisqu’elles ont très souvent renoncé à leur carrière, mais aussi en termes d’intimité et de couple, ayant souvent affronté les multiples difficultés affectives causées par l’absence d’un conjoint trop occupé.

LA CRISE DU COUPLE EN EXPATRIATION

Une tendance lourde se dégage en thérapie au niveau des femmes expatriées en proie à une forme de crise du couple en expatriation. L’envie de partir et l’idée du divorce s’affirme souvent, lorsque leurs enfants quittent le foyer familial et partent au loin pour étudier. Mais le syndrome du « nid vide », provoqué par leur absence n’explique pas tout. Il semble d’ailleurs plutôt servir de révélateur à ce qui est la partie cachée de l’iceberg, soit le vide affectif de leur vie avec l’intimité vacillante de leur couple.

Rappelons que les femmes sont à l’âge des bilans. Elles font souvent passer leur vie de femme, soit leur vie affective et familiale, au premier plan de leurs accomplissements, quand l’homme admire plus ses réalisations sociales et professionnelles. Or, elles s’estiment largement moins gâtées que leur moitié.  Certes, il leur a bien offert l’existence dont elles rêvaient lors de leur départ à l’étranger : standard de vie élevés, confort, tranquillité… Mais au final, cela a eu un coût au niveau de sa disponibilité, le bonheur matériel s’étant payé par son absence. À l’âge des constats, cette carence peut prendre la forme de l’échec et la déception nourrit alors le besoin de tout « plaquer ».

L’AMER CONSTAT

Bien souvent, le constat amer d’une crise de couple en expatriation lors du milieu de vie s’exprime ainsi chez les femmes : « Ce n’est pas la vie qu’il m’avait promise ». Le constat d’échec respire la trahison… La belle maison et les eaux bleues de la piscine ne comblent plus les accomplissements manqués, les femmes comptant dorénavant le temps qu’il leur reste pour être heureuses en voulant, qu’enfin,  « il soit là ».

Quel dénouement attendre alors de la situation ? Il y a autant de situations qu’il existe de couples et nul n’est comparable. Aussi, on se contentera ici d’évoquer les cas les plus simples.

Si la communication existe, en dépit des vicissitudes de la vie à l’étranger et des insatisfactions qu’elle génère, des changements peuvent s’amorcer au sein du couple. Il est possible qu’un homme consente à renoncer à la vie d’expatrié et à envisager le retour conjoint au pays avec sa femme. La crise du milieu de vie en expatriation aura servi en sorte à lui ouvrir les yeux sur les sacrifices consentis par son épouse : abandon de carrière, éducation solitaire des enfants, déracinement plus ou moins supporté… Prises de conscience relayées souvent par la préoccupation de ceux laissés au pays.

En revanche, si l’intimité du couple a souffert et que toute communication est bloquée, la crise de milieu de vie est une porte ouverte à de graves complications.
Face au dépit de sa conjointe, l’homme expatrié peut se réfugier dans son travail et la course à la réussite. Il va délaisser plus encore sa compagne qui peut devenir sujette à la dépression et aux remises en question qui l’accompagnent. Dans ce cas, la crise peut faire office pour elle de réveil en lui soufflant le besoin d’exister à nouveau. C’est pour cela que repartir prend sens, soit en suivant les enfants, soit en se retournant vers sa terre natale. Le retour au pays n’est, alors, pas vu comme un retour en arrière, mais comme une continuité d’existence. Il marque la démission à la vie présente, faite d’absences et de renoncements, et augure d’un renouveau plus au calme, loin de l’agitation de l’étranger.

Les psychologues s’accordent à penser que plus les renoncements auront été nombreux dans la vie d’une personne qui aura cherché à suivre un chemin tout tracé, plus la crise du milieu de vie sera intense. La femme d’expatrié, trop souvent encore « suiveuse » de son conjoint, est donc sérieusement concernée par cette crise. Il est important donc, pour un couple, de préserver son intimité lorsqu’il s’expatrie et de ne pas trop se reposer sur les acquis d’une vie confortable. Ceci afin que les divergences de parcours ne mènent pas à mi-chemin, à la tentation de changer de vie, mais cette fois sans l’autre.

Pascal Couderc, psychologue pour expatrié, soutient et accompagne les couples qui souhaitent renouer avec une inimité malmenée par la mobilité internationale. Il pratique la téléconsultation sur Skype à destination de tous les expatriés de langue française.

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