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Le désir des femmes de ne plus renoncer à leur carrière ou les départs vers des destinations « à risques » incitent de plus en plus les hommes à s’expatrier en tant que célibataire géographique.  Le modèle du couple marié partant affronter les défis de l’expatriation main dans la main est donc en perte de vitesse. Mais le célibat géographique est-il pour autant une solution facile pour le couple ? Non, il doit apprendre à se réinventer dans cette nouvelle configuration.

LE CÉLIBAT GÉOGRAPHIQUE OU UNE AUTRE FAÇON DE PARTIR

Partir en tant que célibataire géographique est un choix lié à une multitude de contextes, où il est jugé préférable que conjointes et enfants restent au pays. Cette solution a longtemps été celle des couples mariés expatriés vers une zone géographique « à risques » ou exerçant des professions militaires, mais elle ne leur est plus aujourd’hui exclusivement réservée. Les femmes d’expatriés peuvent refuser d’interrompre leur carrière et d’affronter l’isolement relationnel et familial de la « femme d’expat » suiveuse. La poursuite des études des enfants ou la présence nécessaire auprès de parents malades ou vieillissants peuvent aussi être d’autres raisons pour ne pas  quitter son pays d’origine. Le célibat géographique va alors s’imposer comme une séparation nécessaire, mais temporaire, des conjoints et de leur famille. Un éloignement qui va bien vite bouleverser le quotidien des uns et des autres.
Un célibataire géographie doit déménager seul et est amputé de tout le soutien émotionnel et logistique de son foyer. Les entreprises ne sont pas dupes et savent que ces expatriés montrent plus de difficultés d’adaptation à leur nouvel emploi et à leur nouveau lieu de travail. Quant aux épouses restées au pays, c’est le poids d’un quotidien pesant sur leurs seules épaules qui les attend.

ÉLOIGNEMENT GÉOGRAPHIQUE ET SÉPARATION

Le conjointe d’un célibataire géographie est préservée du choc culturel, mais rencontre  d’autres difficultés dont la plus grande est la solitude, et les risques liés à l’éloignement géographique, comme la séparation.

Car, que reste-t-il du couple lorsque l’union subsiste sans vie ni résidence commune ? Peut-on toujours imaginer et ressentir les difficultés de l’autre à distance ? L’expérience montre plutôt que non, car les préoccupations quotidiennes prennent le pas sur le reste, poussant chaque conjoint à évoluer de son côté. Cet état d’esprit est provoqué aussi par une volonté de se protéger, d’affronter la séparation vécue comme nécessaire. La situation est au demeurant inconfortable, car une mobilité géographique nuit à l‘intimité du couple. Un certain malaise se ressent de part et d’autre.

Il n’est pas un mystère que la conjointe d’un célibataire géographique est confrontée à la culpabilité et à l’inquiétude vis-à-vis de celui qui est absent pour raisons professionnelles. Du côté de l‘absent, c’est le regret de ne plus prendre part à la vie familiale qui est difficile, ainsi que la peur de ne plus assurer son rôle de soutien et parfois même, de voir son influence parentale diminuer.
Du côté de l’épouse, des ressentiments et de la frustration peuvent s’accumuler. Il n’est pas facile de mener de front éducation des enfants et carrière professionnelle en parfaite autonomie. Ce poids pèse souvent et peut se traduire par des attitudes négatives envers l’époux ou le concubin absent. Sous couvert de le protéger, on lui cachera par exemple des nouvelles familiales, ce qui aura pour effet aux yeux des autres, de le poser en déserteur.

Difficile, on le voit, de maintenir un équilibre familial « à distance ».
Un autre danger guette le célibataire géographique.  L’éloignement progressif mais définitif peut s’immiscer petit à petit dans son couple. Au départ, en effet, la mobilité internationale est provisoire, mais petit à petit, les échéances peuvent être repoussées. On observe le même danger, lorsque la famille s’est expatriée ensemble, mais que les déplacements continuels et prolongés du père de famille se multiplient. Il est conseillé, à cet égard d’être vigilant, pour ne pas perdre son couple. Se fixer une durée limite de séparation est une précaution intelligente pour ne pas laisser les années s’écouler avant de réaliser que la relation conjugale s’est dissoute. Un couple qui se voit moins et qui communique mal perd pieds insidieusement. L’absence est un mal auquel on s’habitue : mieux vaut tirer la sonnette d’alarme lorsqu’il est encore temps.

SE PROTÉGER

Face aux risques de l’équation éloignement géographique = séparation, chaque couple est amené à s’organiser pour entretenir son intimité à distance.

Des contacts réguliers sont la plupart du temps organisés, par Skype ou par téléphone. Ils permettent d’entretenir le lien et de meubler la distance par une forme de présence. Les moments de retrouvailles donnent aussi lieu à des préparatifs particuliers : on insiste sur le côté festif ou on cherche à « rattraper le temps perdu » en se planifiant des temps forts au domicile familial.

Le secret des couples qui durent, en dépit de la mobilité professionnelle du conjoint,  serait de savoir apprendre à construire une nouvelle communication. La distance sert aussi à nourrir l’indépendance et l’altérité de chacun. On apprend à se passer du soutien inconditionnel de l’autre pour n’évoquer que les choses qui comptent. Débarrassée de nombreuses futilités, la relation peut gagner en confiance et en profondeur. L’éloignement géographique se négocie alors comme un passage, qui aura peut-être fait grandir chacun.

Pour ceux qui peinent à faire face à leur nouvelle vie au départ, un soutien doit être recherché au niveau de l’entourage. Il est important, en effet, notamment pour une conjointe qui assume seule les charges de famille, de trouver d’autres relais affectifs dans sa vie personnelle. Le repli sur soi peut être dangereux lorsque la situation est mal supportée. Le célibataire géographique en proie au mal du pays peut aussi trouver sur Skype aujourd’hui, l’appui d’un thérapeute dans sa langue, notamment pour l’aider à passer certains caps difficiles.

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