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LE CHÔMAGE DE LA FEMME EXPATRIÉE ET SES RISQUES
En s’expatriant, les femmes sont encore trop peu conscientes des répercussions que leur départ à l’étranger va provoquer sur leur vie professionnelle. Plus de 90 % des conjoints suiveurs sont des femmes et parmi elles, à peine 50 % parviennent à rester actives professionnellement dans le pays de résidence. Le chômage de la femme d’expatrié est malheureusement une réalité qui la fragilise dans son équilibre personnel et familial.
LA RÉALITÉ DU CHÔMAGE DE LA FEMME D’EXPATRIÉ
Le travail pour une femme représente plus qu’un simple pouvoir économique. Il est aussi générateur d’identité et d’équilibre personnel. Si une femme expat oublie souvent cet aspect de sa vie en suivant son conjoint, la réalité du chômage de la femme d’expatrié la rattrape trop souvent.
Les femmes n’anticipent pas encore suffisamment ce que sera leur vie professionnelle en suivant leur époux. Car elles sont nombreuses à voir dans leur départ l’occasion de faire une pause. Elles ne pensent pas toujours qu’il pourrait être impossible pour elles de travailler à l étranger.
LA RÉALITÉ DU PAYS
Des difficultés administratives et logistiques posent en général rapidement un veto, avec des complications de tous ordres. Selon les destinations et les pays, les visas de travail peuvent être purement impossibles à obtenir. Parfois, la concurrence avec les travailleurs locaux s’avérer très rude. Le chômage, pour une femme d’expatrié s’impose alors, comme un aléa qui n’était pas prévu au programme.
Une femme active, habituée à donner un sens à sa vie par le travail, tente de lutter en général, mais subit une grande désorientation. Bien souvent, ce sont d’interminables démarches qu’elle peut mener courageusement durant de longs mois en voyant toutes les portes se refermer. La situation est souvent telle que les expatriées sont nombreuses à témoigner que leur mobilité internationale en tant que conjointe, a remis le compteur de leur vie professionnelle à zéro.
Comment gèrent-elles alors ce chômage de femme d’expatrié subi ? Cette porte qui se ferme soudain dans leur vie ? Certaines acceptent de perdre toute activité et de se rabattre sur leur foyer et sur une vie divertissante. D’autres envisagent une remise en question totale de leurs acquis antérieurs et tentent de se reconstruire dans une autre activité. On voit ainsi des femmes d’expat devenir entrepreneuses ou s’investir à corps perdu dans les œuvres humanitaires du pays d’accueil. Mais, n’en déplaisent aux nombreux chantres de l’expatriation-succès, ces dernières ne sont pas les plus nombreuses. La destination finale des femmes des Français de l’étranger reste le plus souvent, leur foyer.
LES RISQUES PSYCHOSOCIAUX
Les femmes, contrairement à leur conjoint en détachement, ou muni d’un contrat de travail local, s’expatrient avec l’idée de s’effacer temporairement et de se dévouer. Un déplacement de leurs priorités s’observe de leur sphère professionnelle vers leur sphère privée. Dès lors qu’elles s’expatrient avec mari et enfants, les femmes d’expatriés vont se construise au travers de leur famille. Il faut y voir là l’une des causes du chômage de la femme d’expatrié. Leur reconnaissance personnelle ne passera donc plus par une valeur acquise sur le plan personnel, mais au travers du bien-être des autres. C’est alors le succès et la satisfaction des leurs qui devient le baromètre de leur bonheur et de leur sentiment d’utilité. Si le changement est choisi au départ, il deviendra plus pesant, au fur et à mesure qu’il sera subi.
On peut voir là l’origine des nombreux freins qui vont retenir une femme de poursuivre une activité professionnelle. Car il s’observe des résistances chez le mari et les enfants. Ils n’acceptent pas de perdre la disponibilité de celle qu’ils considèrent comme leur principal appui, en situation d’expatriation. On ne peut s’empêcher de penser à ce titre, que le chômage de femme d’expatrié la ramène en arrière, pour la replacer dans une position ancillaire et domestique. On comprend mieux ainsi les pressions psychologiques à l’œuvre qui s’exercent sur celles qui n’arrivent pas à s’organiser en vue d’un travail. Elles préféreront souvent reporter les questions de garde d’enfants à quand elles auront le job : entretenant par là le frein qui les empêche justement de trouver le dit job.
CONFORT, VRAIMENT ?
Leur zone de confort, ou le train-train d’une vie sans difficulté, mais sans saveur s’en mêle aussi souvent. Les femmes restent nombreuses à chercher une occupation. Elles se laissent bercer par une sécurité, au final génératrice d’ennui. Le confort est dangereux, car pour se concrétiser, leur projet professionnel aurait besoin d’action, or toute impulsion est contrée par une forme de relâchement.
Les conséquences de cette situation sont funestes et peuvent aller jusqu’à provoquer le rapatriement. Notamment de celles qui ne peuvent se résoudre à perdre un sentiment d’utilité sociale. L’ennui lié au chômage de la femme d’expatrié est aussi l’un des premiers générateurs de tensions au sein du couple. Les conjoints peuvent adopter une froide indifférence, quand leur sécurité financière leur garantit, selon eux, de garder « bien au chaud » leur épouse. Bien souvent, une certaine culpabilité s’installe cependant, non sans gêne et éloignement. Toujours est-il que l’homme poursuivra son ascension sociale, au détriment d’une conjointe qui trop souvent s’étiole.
VIVRE SANS TRAVAILLER ?
Il est pourtant difficile pour une femme habituée à exercer une activité, de s expatrier en meublant sa vie avec des occupations futiles ou le confort de son foyer. Une fois la période de l’installation terminée, vient le temps où les femmes partent à la recherche de nouvelles relations dans le pays d expatriation. Or, elles regrettent souvent les collègues qu’elles ont laissés en France et leurs sociabilités de travail. Confrontée au choc culturel, à une barrière de la langue et à son statut d’étrangère, cette perte génère d’autant plus de nostalgie et d’insatisfactions.
La réalité du chômage de la femme d’expatrié expose, plus durement qu’ailleurs encore les femmes à des changements d’humeur et les rend irritables et anxieuses.
Celles qui accusent cruellement la perte de leur activité sont exposées à une perte de leur identité professionnelle, qui se caractérisera par une perte d’estime de soi, un sentiment d’impuissance et une culpabilité vis-à-vis d’elles-mêmes. Les spirales dépressives ne sont pas rares, avec leurs risques de dérives vers des comportements addictifs ou suicidaires.
La question de garder un travail à l’étranger pour continuer de se construire au bout du monde est cruciale pour beaucoup de femmes qui suivent leur conjoint. Celles qui souffrent d’une perte d’identité à cause d’un accomplissement professionnel manqué, nécessitent un accompagnement pour se reconstruire. Bien souvent, elles interpréteront à tort leur échec comme un échec personnel. La thérapie peut les aider à lui restituer sa dimension sociale pour renouer avec leur potentiel et leur créativité