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ZONE DE CONFORT : PIÈGE PSYCHOLOGIQUE DE LA FEMME D’EXPAT ?

 

La zone de confort piège psychologiquement la femme d’expatrié, bercée par les douces certitudes d’une vie matérielle sans souci et contrainte à la mise en sommeil de sa vie professionnelle. Le contact avec la société d’accueil lui devient d’autant plus difficile que son confort est l’en dissuade souvent. Il faut pourtant franchir certaines « frontières psychologiques »s pour réussir une adaptation à l’étranger.

LA ZONE DE CONFORT DE LA FEMME EXPATRIÉE

On parle de la zone de confort comme d’un ensemble de conditionnements personnels, responsables d’un état d’esprit qui pousse à la préservation du bien-être, au détriment de l’action et de la découverte. Elle inclut souvent un environnement rassurant et toutes les habitudes de pensées qui s’y rattachent. Elle confirme aussi les certitudes, rend frileux vis-à-vis du changement et incite à se satisfaire du moment présent. Si un certain confort est nécessaire à notre bien-être, il faut savoir aussi s’en méfier pour éviter de s’y enliser. On conçoit qu’une femme d’expatrié, sans occupation professionnelle et centrée sur son foyer, s’installe facilement dans une zone de confort. La réussite matérielle de son conjoint la dispense de fait, de tout impératif vital de survie, tout en lui procurant un cadre de vie agréable et inespéré dans son pays d’origine. Sur le plan affectif et émotionnel, elle vit aussi au sein d’un cocon rassurant et fermé, en partant entourée de l’affection des siens qu’elle soutient, et qui la porte dans son quotidien.

 

Il est infondé de penser aujourd’hui que les femmes d’expat ne partent que pour l’intérêt de la grande maison au bord de la piscine. La plupart laissent derrière elles un travail et comptent souvent, après la période d’adaptation du conjoint, retrouver une occupation. Ce sont les conditions qu’elles trouvent sur place qui les en empêchent et les conduisent à se reclure dans une zone de confort un peu obligée.

Quand aucune perspective professionnelle n’est plus possible, le bien-être matériel les pousse vers une petite retraite avant l’heure… Les femmes d’expatriés vivent donc le paradoxe de femmes qui « ont tout pour être heureuses » et ne le sont pas. Si l’on suit l’évolution des besoins de la pyramide de Maslow, on s’aperçoit que ce ne sont que les besoins les plus primaires qui sont chez elles satisfaits, soit les besoins physiologiques, de sécurité et d’appartenance. L’accès à des besoins plus élevés, d’affirmation de soi et de réalisation personnelle est entravé par l’impossibilité de se réaliser sur le plan social et professionnel.

OSER LE CONTACT AVEC LES LOCAUX 

Le terme de « cage dorée » définit parfaitement les limitations de la zone de confort d’une femme d’expat. Elle jouit d’une vie facile, agréable, mais privée d’expression profonde et d’accomplissement personnel autre que familial. Ses aspirations s’effacent devant celles des siens et le confort annihile facilement toute forme de résistance. Pourtant, l’ennui, le vide et un certain sentiment d’être la laisser pour compte de l’aventure, l’incitent à vouloir briser les barreaux de la cage. Oser le contact avec la société d’accueil s’impose alors, mais c’est là précisément qu’il devient difficile de sortir de sa zone de confort. Le barrage de la langue est là pour le rappeler, car avec lui, elles découvrent qu’en-dehors, elles deviennent bel et bien  « l’étrangère ». Or, il leur suffit de rester chez elles pour éviter cette pénible expérience, qui peut les confronter à l’hostilité, et sur certaines destinations, à une forme de xénophobie. Les mauvaises expériences de celles qui ont dû surmonter la stigmatisation due à leur accent sont là pour en témoigner.

 

De plus, aller vers la société d’accueil, implique de se couper de la protection de son milieu sécurisant, soit de celle de son foyer et de sa communauté. À l’extérieur, rien ne protège la femme d’expatrié qui n’évolue plus au sein de repères connus. Plus d’attitudes amicales et compréhensives pour la soutenir dans ses efforts et surtout, pour adoucir les rejets. Elle affronte au contraire le regard des autres où se mêlent l’incompréhension, parfois le dédain, et, le plus souvent, l’indifférence. Les femmes d’expatrié se retrouvent seules face à leur différence et leur peur de l’inconnu, quand rien, souvent, ne les y prépare. Le contact avec la société d’accueil peut exiger une telle remise en question de sa zone de confort, que l’on comprend facilement pourquoi certaines ne songent même pas à s’y aventurer. Il faut considérer aussi que, contrairement à leur conjoint, qui profite d’un contexte de travail stimulant, les femmes elles, sont dans un effort solitaire, peu reconnu et peu encouragé. Elles sont seules surtout face au monde professionnel, où elles doivent souvent redémarrer de zéro. La force d’attraction d’une zone de confort peut se comprendre ainsi. Elle tient moins souvent au bien-être qu’elle procure, qu’au rôle de refuge qu’elle joue, face à un contexte souvent anxiogène, affronté dans un relatif isolement. D’ailleurs qu’en pensent les conjoints ? Certains n’accordent que peu de crédit aux velléités d’autonomie de leur compagne, préférant croire avec certitude à l’attrait du confort dans leur vie. Inconsciemment, ces expatriés recherchent avant tout une compagne affairée à leur propre confort personnel, pleinement disponible pour les soutenir émotionnellement dans toutes leurs difficultés. D’autres en revanche, peuvent soutenir les efforts de leur moitié, quand ils ont compris que le seul bonheur matériel ne lui suffit plus pour s’épanouir dans ce nouveau pays. Dans ce dernier cas, une prise de conscience s’est effectuée, à la faveur d’une vraie communication, ou grâce à une relation d’aide avec un professionnel de l’écoute, comme un thérapeute pour expatrié.

LES EFFORTS QUI PAYENT

Personne ne peut remettre en cause radicalement sa zone de confort du jour au lendemain : celle-ci est nécessaire à notre équilibre. S’y complaire est néanmoins néfaste et empêche de progresser, ce qui est pourtant ce que l’on recherche en s’expatriant. Or, le contexte fait que, pour les femmes d’expat, il est éminemment plus difficile d’en sortir. Une femme d’expat prisonnière de sa zone de confort vit souvent en vase clos, ne parle pas la langue du pays qui l’accueille et cultive des sentiments de crainte et de méfiance vis-à-vis des locaux. Elle est aussi rarement épanouie dans son couple, car le bien-être matériel de sa vie ne parvient pas à combler certains manques, notamment les absences du conjoint. Elle peut connaître de gros moments de déprime et souffrir profondément de l’isolement. Avec ou sans l’aide de son conjoint, vaincre la peur de l’inconnu et oser aller vers les autres ne peut lui être que bénéfique. Il peut s’agir, au départ, simplement d’acquérir de la confiance auprès des expatriés de sa communauté, afin de vaincre la peur de l’étranger et de s’ouvrir à de nouvelles personnes. Pour éviter le découragement et les rejets trop brutaux, il est conseillé de tenter des efforts mesurés vers l’extérieur. La zone de confort se transforme alors en appui nécessaire qui permet de progresser pas à pas, pour se débarrasser de ce sentiment d’insécurité qui maintient dans l’immobilité. Pascal couderc est psychologue clinicien et psychothérapeute tourné vers les expatriés. L’appui de la psychothérapie peut aider à persévérer dans les adaptations que suscite une nouvelle vie à l’étranger, pour vaincre ses peurs et développer la confiance patiemment.

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