L’éloignement de la famille figure parmi les grands facteurs qui font rimer dépression et expatriation. L’expatrié à qui manque sa famille se sent entravé pour affronter les grands défis de son changement de vie. Tout quitter n’est donc pas si simple, compte tenu de la complexité des liens familiaux. Vivre à l’étranger suppose un relâchement voir une rupture inconsciente de ses attachements filiaux. Un processus qui détermine parfois des choix et de grandes orientations dans le parcours d’un expat. Or, ceux-ci deviennent plus difficiles dès lors que les relations se compliquent, sur fond de conflits et de culpabilité. Il est toujours possible de solliciter un psychothérapeute pour expatrié pour y voir plus clair, et pour poser ses limites. Car il ne faut pas confondre un lien d’attachement avec la personne de la famille qu’il concerne : un lien, lui, vous suit partout…
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L’EXPATRIÉ ET LE MANQUE DE FAMILLE
Faut-il voir dans la figure de l’expatrié à qui manque la famille, un être en totale rupture avec ses attaches familiales ? Assurément, non, la majeure partie des expatriés continuent à communiquer avec leur famille régulièrement et à entretenir des liens avec leur pays d’origine. Les nouveaux moyens de communication, notamment la vidéo par Skype et autres applis comme whatsApp changent la vie des familles expatriées. Mieux que le téléphone ou les courriers, elles pérennisent les relations en démystifiant par l’image la vie de ceux partis vivre ailleurs. Ainsi, le vieil adage « loin des yeux loin du cœur » ne correspond pas aujourd’hui au vécu des familles expatriées. La famille reste un port d’attache, qu’un départ à l’étranger ne vient nullement compromettre.
Le lien à la « terre-mère » arrime tout expatrié à ses racines profondes, celles qui l’aident à s’adapter avec force et agilité à son nouvel environnement.
Alors pourquoi ce rapport compliqué entre famille, dépression et expatriation ? Parce que l’expatrié à qui manque sa famille, affronte un choc culturel qui l’amène à rompre avec toute une mentalité, des coutumes et un mode de vie ancrés dans ses origines. Le décalage est énorme et susceptible de générer des peurs et des régressions vers des attachements psychologiquement fusionnels avec la famille.
Des tiraillements qu’un expat affronte, souvent partagé entre doutes et culpabilité.
Plus sa famille fait de la résistance par rapport à sa nouvelle vie, plus un expatrié est gêné dans les adaptations nécessaires à sa vie à l’étranger.
Quant aux familles qui refusent la mobilité internationale de l’un des leurs et sa volonté de s’expatrier, elles jouent un rôle castrateur. Ce comportement est toujours mal vécu, il peut provoquer anxiété, dépression et isolement. Un expatrié ne doit pas, dans ce cas, hésiter à pousser la porte d’un psychothérapeute pour expatrié.
L’APPUI D’UN THÉRAPEUTE POUR EXPATRIÉ
Il n’est pas toujours facile pour l’expatrié en manque de famille et de liens soutenants d’être au clair avec lui-même. Certains symptômes : culpabilité, blocages émotionnels et anxiété, en disent long sur la pression familiale que génère une expatriation. Il existe des situations où la famille est responsable d’un échec ou d’un rapatriement. Fort heureusement, il n’existe pas de chemin tout tracé ni de fatalité pour ceux qui partent. Une prise en charge reste toujours possible, même, et surtout, lors d’une expatriation. Car cette expérience met l’individu face à lui-même. La formule « ça passe ou ça casse » pourrait très bien résumer la situation d’un expatrié en manque de famille. Il n’est donc jamais trop tard pour se prendre en charge et initier les changements qui permettent d’avancer.
La thérapie avec un psychothérapeute pour expatrié va permettre de distinguer dans la relation familiale ce qui est du ressort névrotique et qui attache inutilement.
Il n’est pas question bien sûr de rompre les liens d’attachement profonds et sincères que l’on porte aux siens.
La thérapie par Skype permet aujourd’hui de travailler ces questions dans sa langue maternelle pour s’engager avec confiance dans la démarche thérapeutique. Rappelons qu’une thérapie à distance permet aussi bien le transfert qu’une thérapie en cabinet. S’engager dans une psychothérapie, pour l’expatrié à qui manque une famille, peut être véritablement libérateur. Car, l’appui du thérapeute est grandement utile pour apprendre à poser des limites, voire quelque temps des frontières, avec une famille possessive. Famille qui préférera alimenter les conflits que d’accepter le changement, en se repliant sur son passé et ses propres adaptations manquées. Des problèmes qu’il est, bien sûr, plus confortable de mettre sur le compte de celui qui a préféré aller vivre au loin.
PARTIR OU RESTER ?
Si le lien à la famille est si important pour les français de l’étranger, c’est qu’il les rattache à une terre, celle qui les a vus naître. Il conditionne donc une grande question de leur vie d’expat : celle du retour. De là, on mesure mieux l’importance des relations avec certaines personnes de la famille, dont bien sûr, les parents. C’est à la faveur de leur vieillissement, parfois d’une maladie ou d’un deuil que certains expats vont ressentir le mal du pays et le besoin de repartir. Revenir en France revient alors à clore un cycle où l’expatriation aura enrichi matériellement et culturellement l’histoire familiale. Ce type de dénouement s’observe dans des familles où le lien familial a été suffisamment solide pour soutenir les enfants partis travailler à l’étranger.
L’expatrié en manque de famille en témoigne : partir vivre ailleurs se solde rarement par l’oubli des liens du sang. Néanmoins, des ruptures existent et signent la fixation définitive des expatriés dans leur pays d’accueil. Mais ces situations restent rares et sont l’indice d’une fuite où les blessures de l’enfance ont pu susciter un déni de son milieu et des siens. Pour autant, fuir les siens revient toujours à se fuir soi-même, et ces parcours d’expatriés sont souvent difficiles. Les addictions guettent les hommes jeunes et seuls, en rupture de liens familiaux à l’autre bout du monde. Non préparés à l’inconnu, ils se heurtent souvent à un manque de ressources personnelles. Le soutien est alors indispensable pour l’expatrié à qui manque une famille. S’entourer des bonnes personnes et d’un cadre thérapeutique adéquat fait la différence. Car, tout expatrié désireux de rompre des attaches familiales toxiques peut endurer des moments très difficiles.
POUR CONCLURE…
Les raisons qui poussent à partir à l’étranger et quitter la France devraient toujours être bien pensées. Pascal Couderc, psychologue clinicien, aide ses patients expatriés à anticiper leur possible mal-être vis-à-vis de la famille, avant de partir.
Une étape très importante, sur le plan psychologique avant de s’élancer pour changer de vie.
Se réinventer entièrement sous d’autres latitudes, relève beaucoup du mythe. Ce désir s’accompagne d’un fort sentiment de révolte qui doit être suivi par une faculté de prise en charge aussi forte. Pour comprendre le danger d’une telle aventure, il suffit de penser aux aventuriers du passé, partis construire leurs propres sociétés sur des îles perdues… Sociétés qui ne survécurent pas.